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Les Racines du Mal
18 août 2004

Carpe socialiste, lapin libéral

Une dame philosophe - peu importe son nom, elle vaut ici de manière symptomatique... - vend ces temps-ci un peu partout son produit raffiné dans les cuisines du CNRS : le socialisme libéral. Un centre national et une recherche scientifique, voilà des cautions radicales ! Du sérieux : le jacobinisme centralisé et la méthode des sciences dures... Si la penseuse trouve, au lieu de chercher - comme souvent dans ce fromage -, gageons que l'époque va s'en trouver radicalement bouleversée.
Résultats ? Dans les pages "idées" des quotidiens, qu'elle inonde, la montagne accouche d'une souris... Tenez-vous bien : appliqué à l'école, par exemple, le socialisme libéral donne quoi ? L'apprentissage de l'anglais au plus tôt dans les classes primaires et la mise à disposition d'un ordinateur pour chaque élève. Révolution, pour sûr ! Apprendre la langue de l'Empire et utiliser ses machines de prédilection, voilà de quoi réjouir les libéraux. Les socialistes aussi, s'il s'agit de Dominique Straus-Kahn - remercié en dernière page... -, mais pas l'infime poignée qui, sous la rose, pense encore à gauche...
Ce socialisme libéral définit clairement une chimère, un oxymore. Une carpe clonée avec un lapin, ni chair ni poisson, à l'aise ni dans l'eau ni sur terre, muet comme l'un, éjaculateur précoce comme l'autre. Le libéralisme, on le voit gros comme une maison : liberté d'entreprendre, liberté de posséder, liberté de faire des bénéfices, liberté d'employer sans contraintes venues du droit social, liberté de circulation des capitaux, liberté formelle d'être libre pour le chômeur, le malade du sida, la femme battue, l'immigré avec ou sans papiers, le prisonnier. La vieille liberté du renard libre dans le poulailler libre. Rien ne change...
Pour le socialisme, c'est plus diffcile à trouver... A l'évidence, on constate sans difficultés l'anti-communisme (ah ! la haine de Castro et l'amour pour Bush, ces deux figures d'une même abjection !), le mépris pour Marx (doublé de l'éloge d'un Proudhon que les pétainistes aimaient aussi...), la diabolisation de l'État (ce fossile exécré par le Medef !), le refus de soumettre l'économie à la politique (vive la Bourse en lieu et place de l'Hémicycle !), la critique de l'utopie (toujours coupable de conduire au goulag...), celle du déterminisme (la vieille animosité recuite contre Bourdieu !). La grosse machine conceptuelle recrache une toute petite chose : le réformisme...
Avec ce fameux réformisme (la deuxième gauche cérébrée, Michel Rocard transformé en Jaurès des temps modernes !), la dame propose une kyrielle de notions à scander comme un derviche tourneur : démocratie, république, création de richesses, redistribution et solidarité, délibération, travail - autant de vieilles lunes décrochées par les abstentionnistes, les amateurs de vote blanc et les suffrages exprimés en pure perte sur des candidats protestataires de droite comme de gauche dans toute consultation désormais...
Le socialisme, affirme scientifiquement et nationalement la rechercheuse dans son centre, c'est - reprenant Rosselli - "quand la liberté arrive dans la vie des gens les plus pauvres". Pour quoi faire quand on n'en a pas les moyens ? En Russie, avec Eltsine, les pauvres ont eu tout de suite la liberté des libéraux - et avec elle prostitution, criminalisation, marché noir, mafia, paupérisation, chômage, exclusion, précarisation puis création d'une caste d'apparatchiks richissimes et tout-puissants. Le communisme - en pire. Aux antipodes de cette gauche de droite, la gauche de gauche ne se contente pas de décréter la liberté : elle en donne les moyens. Ce qui suppose la justice...
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Commentaires
N
Je reviens et que vois je ?<br /> Erg beaucoup de choses à matter...<br /> Kikou !<br /> Je suis gâté... :)
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