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Les Racines du Mal
26 juillet 2004

Contre les mères et les épouses, les femmes

J'ai toujours trouvé ridicule cette idée que la femme serait l'avenir de l'homme. Venant d'un poète qui s'est empressé de retrouver le chemin des petits garçons dès la disparition de son mentor femelle, je pense même que ce vers devenue scie musicale ne manque pas de saveur...
Que ne ferait-on pour se persuader qu'on aime quand on se contente d'obéir aux seules injonctions de la nature ! Y compris une kyrielle de poèmes à destination des chanteurs pour fêtes populaires ou des collégiens qui comptent les pieds et transpirent - et non l'inverse -pendant les cours de versification... Aux assises du bon goût, l'amour - ou ce qui se fait passer pour tel - mérite perpétuité...
Car les femmes ne sont ni l'avenir, ni le passé, ni le présent des hommes. Quelle idée étrange et saugrenue ! Trop de siècles chrétiens ont enseigné qu'elles étaient rien, moins que rien, la lie de l'humanité, sans âme, indignes de considération, pécheresses, tentatrices et autres sornettes. On aurait tort de croire qu'en prenant le contre-pied systématique de cette idéologie répandue on dit des choses intelligentes : l'inverse d'une sottise, risque fort d'être aussi une sottise...
D'où une invite à penser les quotas et son corrélat idéologique (les femmes feraient mieux de la politique que les hommes ; elles apporteraient un vent frais dans cet univers nauséabond ; elles réussiraient là où les hommes échouent, etc.) comme une façon habile et nouvelle de continuer à mépriser les femmes. Si elles sont absolument nos égales, ce que je crois, elles font aussi mal ce que les hommes font mal : le pouvoir les corrompt tout autant, la langue de bois les habite pareillement, la démagogie les anime avec la même constance, les renoncements les accompagnent, les promesses non tenues, etc.
Là où le réel, par sa nature, abaisse les hommes, il affecte de la même manière les femmes. Quand les mâles sont nuls, les femelles le sont également - ni plus ni moins. L'égalité suppose la fin de la discrimination tout aussi bien négative, l'ancienne, que positive, la moderne, la branchée. Ni mysogynie, ni phallocratie, bien évidemment, mais pas plus gynophilie ou vaginocratie. L'homme n'est pas l'avenir de la femme ; la femme n'est pas l'avenir de l'homme. Intrinsèquement, les femmes n'apportent rien que les hommes ne donnent déjà. Sauf à croire qu'elles sont par nature douces, intelligentes, fines, pacifistes, qu'elles ont le sens de la nuance là où les hommes seraient durs, lourds, épais, méchants, belliqueux et agiraient comme des bulldozers. Si l'on sacrifie à pareille vision du monde, il faut ajouter que les Noirs ont le sens du rythme, que les Juifs aiment l'argent, que les Asiatiques sont fourbes et les Arabes génétiquement délinquants... et les Corses biologiquement fainéants...
Que les femmes se méfient : quand les hommes tiennent des discours lénifiants sur elles, ils cachent bien souvent le désir de mieux les séduire et circonscrire. Le sucre poétique enrobe à merveille la pointe imbibée de curare à l'aide de laquelle le mâle vise sa proie avec l'assurance de ne pas la manquer. Cupidon n'est pas un enfant de choeur, mais un chasseur sans foi ni loi. Parfois il chante des vers et prend la forme de Jean Ferrat gloussant sur les poèmes d'Aragon... A d'autres moments, il se dissimule sous la plume d'un philosophe qui rédige son billet pour Corsica... Que les femmes cessent de croire que leur épanouissement passe par la maternité ou le mariage, car il suppose l'exacerbation de leur subjectivité, alors elles seront l'avenir d'elles-mêmes, le seul qui importe vraiment.
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