«Vous rigolerez moins quand je vous aurai mis une balle»...
vendredi 06 août 2004 (Liberation - 06:00)
Pernes-les-Fontaines (Vaucluse) Par Marie-Joëlle GROS
Dans une petite ville du Vaucluse, Anthony, 19 ans, jouait au foot après sa journée de travail. Un retraité, irrité par le bruit, l'a tué. Dans le quartier, c'est l'indifférence.
Lundi 26 juillet, ils étaient huit qui jouaient au foot et discutaient dans ce lotissement de Pernes-les-Fontaines (Vaucluse). Il était 21 heures. Le ballon cognait parfois contre les conteneurs à ordures. Depuis sa fenêtre, le propriétaire du pavillon le plus proche, un retraité de 73 ans, a bougonné à cause du bruit. Les jeunes ont répondu. D'après Jean-Michel Tissot, procureur de la République de Carpentras, le vieil homme aurait alors lancé à la cantonade : «Vous rigolerez moins quand je vous aurai mis une balle dans la tête.»
Il a disparu, puis réapparu, cette fois armé d'une carabine 22 long rifle. Il a tiré à bout portant sur Anthony, 19 ans. Le garçon s'est écroulé, touché en plein front. Le retraité a continué de tirer. Quatre balles en direction des adolescents, qui se sont abrités derrière des voitures, une haie, des poubelles. Deux balles ont sifflé aux oreilles de Frédéric, 18 ans, le cousin d'Anthony. Puis le vieil homme est rentré chez lui «comme si de rien n'était», note le procureur. Attendant les gendarmes. «Il n'a pas manifesté la moindre émotion, ni le moindre remords, poursuit Jean-Michel Tissot. Il a seulement regretté de ne pas les avoir tous tués.» ...
Lire la suite ICI
Anthony n'a jamais fait la Une des journaux télévisés.
Son assassin n'était ni bronzé ni armé d'une machette.
Son cercueil n'a pas été suivi d'une marche blanche. Pas de lâchers de ballons, pas de micro-trottoir d'une population, d'amis ou de voisins effondrés.
Bien au contraire.
Anthony est mort deux fois dans l'indifférence générale.