29 juillet 2004
Les zoos nationalistes
En ces temps de politiquement correct agressif et intégriste, il ne fait pas bon se réclamer du Maréchal Pétain et de ses valeurs. La mode est passée... Et pourtant : jamais la trilogie maréchaliste ne s'est aussi bien portée. On aime le travail, on s'y épanouit, on en veut, on en cherche, on y investit l'essentiel de son temps, on pratique la culture d'entreprise, la fierté maison, l'école a renoncé à fabriquer des individus intelligents et, comme un seul homme, ne produit plus que de la chair à emploi ; on célèbre la famille, le couple, le foyer, le toit commun, les enfants, la procréation, la tribu, au point que même les homosexuels revendiquent le droit d'allaiter et de torcher les bébés ; enfin on est français, on aime la France et ses drapeaux, ses hymnes et ses couleurs - Coupe du Mon de de foot, élection présidentielle et Tour de France témoignent !
Y aurait-il deux nationalismes ? Un mauvais, celui de grand-papa, béret basque et baguette de pain sous le bras, et un bon, le post-moderne, branché, relooké aux couleurs du moment ? Tout semble le laisser croire... Or ces nationalismes fonctionnent sur les mêmes principes : exclusion, rejet, acceptation de l'autre soumise au principe du renoncement à son identité, à sa singularité (la fameuse intégration !). Digéré, disparu, cessant d'être ce qu'il était, on consent à lui ouvrir la porte. Le nationalisme est binaire : le bien réside chez lui - son sol, son sang, sa terre, sa race, son peuple, son histoire ; le mal crèche ailleurs - l'autre, l'étranger, le barbare.
De l'extrême droite aux souverainetés républicaines en passant par les nationalismes ethniques et régionaux, c'est un même slogan : la France aux Français, la Bretagne aux Bretons, la Corse aux Corses ! Ce discours fournit un mode d'emploi simpliste et explique ce qui mérite d'être dit par une police identitaire (bon) Français, (bon) Breton, (bon) Corse : vivre au pays - les vaches, les cochons et les moutons en sont ; aligner les quartiers de noblesse féodaux d'occupation de la terre - les ruines y ont droit ; prouver ses racines - les ronces peuvent y prétendre ; parler la langue - même si on la baragouine depuis peu, les cassettes Assimil à portée de main... Le barbare c'est l'autre, celui qui vit chez nous, occupe nos terres, vient d'ailleurs et parle une autre langue : il mange notre pain français, notre bruccio corse et notre far breton...
Le nationalisme postmoderne est tout autant ridicule : black-blanc-beur, formaté aux quotas, relookant Debussy en rap binaire, choisissant ses héros chez les sportifs, les acteurs de cinéma ou les présentateurs de télévision, célébrant le métissage obligatoire, la jeunesse, l'inculture, le culte consumériste et la religion du paraître, l'absence de mémoire, le narcissisme et l'égocentrisme. Voilà de quoi repeindre Marianne et promouvoir un nationalisme aux couleurs fluo du moment...
Or tous les nationalismes sont réducteurs et locaux : ils enferment et appellent les frontières, puis les murs, parfois les barbelés ; ils incitent au binaire, au manichéisme avec lesquels on mène facilement les hommes aux conflits, aux assassinats, aux combats, aux guerres, aux tranchées ; ils transforment leur terre sur laquelle flotte leur drapeau, s'entraîne leur armée, retentissent leurs hymnes et fleurissent leurs prisons en camps retranchés - en zoos. Qu'on relise ceux des Grecs qui célébraient le cosmopolitisme, remède au nationalisme, cette maladie infantile de la mondialisation.
Y aurait-il deux nationalismes ? Un mauvais, celui de grand-papa, béret basque et baguette de pain sous le bras, et un bon, le post-moderne, branché, relooké aux couleurs du moment ? Tout semble le laisser croire... Or ces nationalismes fonctionnent sur les mêmes principes : exclusion, rejet, acceptation de l'autre soumise au principe du renoncement à son identité, à sa singularité (la fameuse intégration !). Digéré, disparu, cessant d'être ce qu'il était, on consent à lui ouvrir la porte. Le nationalisme est binaire : le bien réside chez lui - son sol, son sang, sa terre, sa race, son peuple, son histoire ; le mal crèche ailleurs - l'autre, l'étranger, le barbare.
De l'extrême droite aux souverainetés républicaines en passant par les nationalismes ethniques et régionaux, c'est un même slogan : la France aux Français, la Bretagne aux Bretons, la Corse aux Corses ! Ce discours fournit un mode d'emploi simpliste et explique ce qui mérite d'être dit par une police identitaire (bon) Français, (bon) Breton, (bon) Corse : vivre au pays - les vaches, les cochons et les moutons en sont ; aligner les quartiers de noblesse féodaux d'occupation de la terre - les ruines y ont droit ; prouver ses racines - les ronces peuvent y prétendre ; parler la langue - même si on la baragouine depuis peu, les cassettes Assimil à portée de main... Le barbare c'est l'autre, celui qui vit chez nous, occupe nos terres, vient d'ailleurs et parle une autre langue : il mange notre pain français, notre bruccio corse et notre far breton...
Le nationalisme postmoderne est tout autant ridicule : black-blanc-beur, formaté aux quotas, relookant Debussy en rap binaire, choisissant ses héros chez les sportifs, les acteurs de cinéma ou les présentateurs de télévision, célébrant le métissage obligatoire, la jeunesse, l'inculture, le culte consumériste et la religion du paraître, l'absence de mémoire, le narcissisme et l'égocentrisme. Voilà de quoi repeindre Marianne et promouvoir un nationalisme aux couleurs fluo du moment...
Or tous les nationalismes sont réducteurs et locaux : ils enferment et appellent les frontières, puis les murs, parfois les barbelés ; ils incitent au binaire, au manichéisme avec lesquels on mène facilement les hommes aux conflits, aux assassinats, aux combats, aux guerres, aux tranchées ; ils transforment leur terre sur laquelle flotte leur drapeau, s'entraîne leur armée, retentissent leurs hymnes et fleurissent leurs prisons en camps retranchés - en zoos. Qu'on relise ceux des Grecs qui célébraient le cosmopolitisme, remède au nationalisme, cette maladie infantile de la mondialisation.
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