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Les Racines du Mal
4 novembre 2004

Le lendemain matin...

La dernière fois que j'ai passé une longue nuit à me ronger les ongles, suivant une élection, j'étais au Venezuela observant le référendum. Comme les élections des EU du 2 novembre, le résultat était important non seulement pour les gens qui ont voté, mais pour le monde entier. Il y avait, cependant, quelques différences.

Au Venezuela, les machines à voter étaient les mêmes dans chaque bureau de vote.

Au Venezuela, les machines à voter avaient une double sécurité : les électeurs utilisaient un écran tactile pour choisir OUI ou NON. L'écran tactile produisait alors un bulletin imprimé, que l'électeur pouvait vérifier, avant de le plier et de le glisser dans l'urne électorale. Les comptes manuels pouvaient alors être vérifiés et comparés, si besoin, au système de vote par ordinateur. Un système simple, un système "difficile à frauder".

Au Venezuela, le camp qui obtint le plus de votes remporta la victoire.

Mais ce soir il semble que même si les Etats-Unis avaient le système de vote simple et élégant du "dictatorial" Venezuela plutôt que le labyrinthe bizarre du Collège électoral "démocratique", George W. Bush serait toujours le gagnant.

Il semble même que si  le système électoral des Etats-Unis était capable d'exprimer réellement le choix populaire, les gens choisiraient George W. Bush.

Il semble que les électeurs dans une douzaine d'états aient décidé d'interdire le mariage homosexuel, par des marges énormes, décidant de ruiner les vies d'autres gens, sans avantage pour eux-mêmes.

Cela signifie qu'il est temps d'admettre quelque chose. La plus grande division dans le monde n'est pas aujourd'hui entre l'élite des EU et son peuple, ou l'élite des EU et les peuples du monde. Il est entre le peuple des EU et le reste du monde. La première fois, George W. Bush n'a pas été élu. Quand les Etats-Unis ont lancé des bombes en grappes partout sur l'Afghanistan, y ont perturbé l'effort d'aide humanitaire, ont tués des milliers de gens et ont occupé le pays, cela pouvait être interprété comme les actions d'un groupe dévoyé qui avait volé les élections et avait utilisé le terrorisme comme un prétexte pour faire la guerre. Quand les Etats-Unis ont envahi l'Irak, tuant 100,000 civils au dernier bilan, il pouvait être argumenté que personne n'en avait vraiment donné le choix aux Américains et qu'on leur avait menti. Quand les Etats-Unis ont enlevé le président d'Haïti et y ont installé une dictature paramilitaire, il pouvait être avancé que c'étaient les actions d'un groupe non élu, méprisant la démocratie.

Avec cette élection, toutes ces actions ont été rétroactivement justifiées par la majorité des Américains.

La première fois, l'équipe Bush a agi sans mandat. Aujourd'hui, le seul corps électoral qui aurait pu les arrêter leur a donné mandat pour aller au-delà de ce qu'ils ont déjà fait.

Ces dernières années, les élections dans tous les pays ont créé un vacarme médiatique qui a noyé les voix radicales. Il y avait opposition entre un libéralisme (au sens étatsunien du terme - NDLT) faible, vidé de la plupart de son contenu économique et social progressif contre une réaction dure qui a promis d'utiliser chaque possibilité pour éroder les institutions inspirées d'une politique et d'une culture libérales. Présenté avec un choix si complet, les progressifs potentiellement radicaux n'ont guère de temps pour des arguments radicaux. Le fossé est trop large, les pertes potentielles trop importantes, pour jouer sur le radicalisme. Il semble que les libéraux se soient battus très durement, cette fois-ci. Les radicaux ont essayé de dire aux Américains que le monde était plein d'autres gens qui étaient anéantis par la politique de l'Amérique. Les libéraux ont essayé de dire aux Américains qu'ils avaient été trompés, embobinés, escroqués et sacrifiés pour qu'une petite élite puisse régner et piller. On fait taire les radicaux, les libéraux sont déroutés et le champ est libre pour les fondamentalistes. Qui reste-t-il à part Ben Laden ? "Votre sécurité n'est pas dans les mains de Kerry, ni de Bush, ni d'Al-Qaida. Non. Votre sécurité est entre vos propres mains. Et chaque état qui ne joue pas avec notre sécurité a automatiquement garanti sa propre sécurité."

Quand Bush a répondu, parlant du terrorisme, et de l'unité, et des ennemis, et de l'intimidation, on pouvait l'écarter comme étant une réponse fondamentaliste à une menace fondamentaliste. Quand Kerry a fait sa propre réponse, appelant les barbares des terroristes et disant qu'il ne reculerait devant rien afin de les tuer, c'était, peut-être, juste de l'électoralisme bon marché.

Mais aujourd'hui les Américains ont eux aussi répondu. Ils se sont alignés derrière leurs tueurs de leaders quand ils auraient pu les rejeter.

Il y a deux ans, alors que la guerre en Afghanistan commençait, et avant que la guerre d'Irak n'ait commencé, l'activiste américain pakistanais Zia Mian a dit à un auditoire d' Américains :

"Les gens ne toléreront pas maintenant que les Etats-Unis se comportent comme les Anglais et les Français, soumettant des pays, créant de nouvelles colonies. Les gens du Tiers-Monde ne se sont pas battus pour l'indépendance pendant 200 ans contre les Anglais et les Français et les Hollandais et les Belges et tout autre petit pays européen qui a pensé qu'il avait la puissance militaire et économique suffisante pour écarter les peuples qu'ils soient bruns, noirs ou jaunes pour la seule raison que ces derniers possédaient ce que désiraient les premiers. Et bien, cette période de l'histoire est finie ! Les Vietnamiens devraient avoir enseigné à tous cette leçon. Vous ne pouvez venir et simplement voler le pays de quelqu'un d'autre."

"Il y a deux façons pour George Bush et Washington d'apprendre cette leçon. L'une sera un massacre en Irak et ensuite des décennies de violence, et où il y aura partout dans le monde des gens qui se figeront sur un trottoir à chaque fois qu'ils verront un Américain, tant ils en auront peur. Ou les Américains se rendront compte que ce n'est pas le monde qu'ils veulent. C'est un choix entre les guerres de conquête, les guerres de colonisation, les choses du passé, ou l'avenir basé sur un respect commun, partagé pour chacun."

Se peut-il vraiment que les Américains aient décidé que c'est ce monde qu'ils veulent ?

Justin Podur - 3 novembre 2004
Traduction rapide  par mes soins (sûrement trop rapide mais vu l'heure....)
Source : Article de ZNet 
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Commentaires
C
les machines à voter sont en France<br /> <br /> voir http://votecitoyen.canalblog.com/
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